Se repérer sur la Terre
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  1.  
  2. Le segment de contrôle

La transmission ondulatoire n’est pas immaculée. Afin de garantir la fiabilité des informations reçues par les récepteurs, un segment de contrôle est mis en place. Nous déterminerons quelles erreurs sont susceptibles d’être corrigées avant de préciser l'interaction effective du segment de contrôle avec ses deux homologues, satellites et utilisateurs.

I) Sources d'erreurs

Outre les erreurs dues à la non synchronisation du récepteur et des satellites, que nous avons résolues, il importe de prendre en compte :

a.
Les dégradations volontaires de signal : principale source d’erreur, elle permet à l’armée américaine de préserver son avantage sur les civils ;
b.
Les éphémérides : bien qu’une mesure soit rapide, le déplacement des satellites sur leur orbite (les calculs théoriques partent du principe qu’il est fixe...) n’est pas sans effet sur la précision de la distance ;
c.
La faiblesse du volume constitué par le polyèdre de sommets les satellites et le récepteur ;
d.
Les perturbations dues à la traversée atmosphérique ;
e.
La réverbération : le signal peut être dévié par des obstacles, avant de parvenir au récepteur, ce qui fausse ainsi les calculs (en montagne ou dans un espace urbain par exemple)

 

 

 

 

 

a. Dégradations volontaires

Les signaux émis par les satellites sont complexes et contiennent en particulier des codes que l'armée américaine peut crypter à sa guise afin de se réserver les plus grandes précisions du système.

Le code C/A (coarse acquisition), sur la fréquence L1, est accessible à tout utilisateur civil, et n’est plus dégradé par la S/A (selective availability) depuis le 1er mai 2000 sur décision du président Clinton. La précision est de l’ordre de la dizaine de mètre.

Le code P (precision), sur la fréquence L2, n’est accessible qu’aux militaires américains et permet un positionnement avec une précision inférieure à 3 mètres, la valeur réelle restant top secrète. Le cryptage par l’algorithme A/S (anti-spoofing) empêche a priori les puissances ennemies de retourner le GPS contre ses propriétaires par l’émission de faux signaux.

b. Ephémérides

La justesse des coordonnées résultant de la résolution des systèmes d’équations à inconnues multiples implique pour le récepteur de connaître très précisément les coordonnées spatiales des centres des sphères sur lesquelles il se trouve. Le segment de contrôle doit permettre aux satellites de connaître très précisément leurs éphémérides : d’abord, le satellite envoie sa position théorique à une station de contrôle, qui calcule alors la véritable position et renvoie finalement au satellite la valeur de l’erreur commise. Ainsi, le satellite est à même d’inclure dans ses signaux la différence entre sa position théorique et sa position réelle afin que les récepteurs la prennent en compte dans leurs calculs.

c. Faiblesse du volume polyédrique

Un « coefficient d'affaiblissement de la précision », GDOP (Geometric Dilution Of Precision) peut être associé au niveau de précision correspondant à la configuration géométrique des satellites avec le récepteur. En effet, si quatre satellites par exemple sont utilisés pour le positionnement d’un récepteur, la localisation spatiale des cinq éléments conduit à une représentation pentaédrique. Plus le volume est grand, moins l’indicateur GDOP est élevé et donc meilleure est la précision. Pour calculer le GDOP d’un positionnement, le récepteur GPS n’a besoin que des éphémérides des satellites utilisés.

On considère généralement que la configuration géométrique est acceptable lorsque le GDOP est inférieur à 6. L'utilisateur peut ainsi avoir une idée de la confiance à apporter dans une mesure :
- une valeur de GDOP de 2 à 3 est excellente (grande précision).
- une valeur de GDOP de 5 à 6 est bonne (précision moyenne).
- une valeur de GDOP de 9 à 10 est passable (mauvaise précision).

Le GDOP est donc un indicateur précieux du repérage. Associé à l’erreur de distance U.E.R.E (User Equivalent Ranging Error) déterminée par les facteurs évoqués ci-haut et ci-après, il permet d’exprimer l’erreur générale de position par le produit (G.D.O.P) x (U.E.R.E) = Erreur globale de position.

c. Perturbations atmosphériques

La modélisation de l'ionosphère, transmises aux satellites par les station de contrôle et incluse dans les bandes L1 et L2 permet au récepteur de corriger les données qu’il reçoit en fonction des conditions atmosphériques propre à sa situation géographique et à l'inclinaison du satellite sur l'horizon.

Comme l'ionosphère est un milieu dispersif, la vitesse du signal la traversant dépend de la fréquence de l'onde radio. Les satellites émettant sur deux fréquences distinctes L1 et L2, certains récepteurs bifréquenciels peuvent éliminer l’erreur ionosphérique avec la technique dite de « mesure de phase », en corrélant l’écart d’arrivée des deux signaux à la perturbation dispersive. Jouxtant la Terre, la troposphère est quant à elle le lieu privilégié d’une réfraction des signaux. Cette couche s'élève à une altitude d'environ 11 km au-dessus des pôles et peut atteindre jusqu'à 16 km au-dessus des régions équatoriales. A fortiori, il est possible de la modéliser jusqu’à 60 km d’altitude. La durée de propagation de l'onde du signal satellitaire est affectée par la teneur en vapeur d'eau de cette couche basse de l'atmosphère, qui réfracte les ondes radios. Pour établir les imprécisions sur les mesures de pseudo-distances qui en découlent, il serait nécessaire de connaître cette quantité tout le long du trajet suivi par l'onde. En pratique cela se révèle très difficile, sinon impossible, même avec une mesure de phase utilisant les ondes L1 et L2 comme on peut le pratiquer pour l'ionosphère.

d. Réverbération

Le phénomène des trajets multiples altère également la mesure de position. En effet, les ondes radios émises par les satellites peuvent être l’objet de réflexions en milieu urbain par les hautes infrastructures, qui augmentent la distance du trajet satellite/récepteur et donc la durée de propagation du signal. Le récepteur calcule alors une distance faussée et commet finalement une erreur sur la position.

A tout cela, on peut enfin ajouter l’erreur due au bruit qui affecte tout signal radio. En résumé, nous pouvons dresser un tableau des principaux facteurs d’erreurs sur l’exactitude du positionnement absolu :

Source d'erreur
Erreur sur la mesure du temps (en nanosecondes)
Erreur sur la distance (en mètres)

Stabilité en fréquence du satellite, variations d'accélération et autres

35
10,5

Connaissance de la position du satellite et autres

33
10

Traversée de la troposphère

13
3.9

Traversée de l'ionosphère

33 à 65
9,8 à 19,6

Stabilité horloge utilisateur et autre, résolution du receveur et bruit, précision de la résolution des équations

9,7
2,9

Trajets multiples

8
2,4

On serait tenté de calculer le total des perturbations, pour obtenir un intervalle de temps entre 131 et 164 ns, correspondant à une précision de 39,5 à 49,3 m, mais dans la pratique, les différents facteurs se compensent plus ou moins, ce qui permet une précision jusqu’à 10 fois supérieure.

Avec une mesure différentielle (DGPS), les conséquences des facteurs d’erreur sur le calcul sont évidemment moindres :

Source d'erreur

Erreur sur la distance en mètres

Horloge atomique

0 m

Position du satellite

0 m

Traversé ionosphère

0,4 m

Traversé troposphère

0,2 m

Précision du récepteur

0,3 m

Réflexion parasites

0,6 m

Pour la même raison que précédemment, il serait importun d’additionner les erreurs. Bien qu’un total d’imprécision d’1,5 mètre serait déjà remarquable, la compensation confère au DGPS une précision inférieure au mètre.

II) Les stations de contrôle

Cinq stations de surveillance coordonnées par la base militaire Falcon Air Force du Colorado (Etats-Unis) sont réparties autour de la planète afin que chaque satellite de la constellation GPS puisse être en permanence contrôlé par au moins une station. Leur mission est en effet de calculer l’orbite exacte des satellites et de leur transmettre incessamment les corrections nécessaires (éphémérides, synchronisation de leur horloge au temps UTC, dégradation des signal pour raison militaire). Ceci permet d’augmenter la fiabilité du système GPS en permettant à tout instant de vérifier que les informations générées par chacun des satellites sont correctes.

III) Les coordonnées géodésiques

Le repérage théorique ECEF est séduisant, il n’empêche que la Terre est loin d’être une sphère parfaite! Sa surface topographique doit tenir compte des montagnes s’élevant à près de 9000 m d’altitude, des vallées et des fonds océaniques s’enfonçant à plus de 11000 m de profondeur. Au total, 20 km d’écart possible dont la tolérance ne serait pas seyante à une mesure GPS convenable. Une autre contrainte existe donc, indépendante des satellites, et néanmoins primordiale pour la justesse de la précision : la géodésie.

Mais tout d’abord, un rappel des définitions des coordonnées d'un point en géographie fondamentale s’impose :
  ¥ La latitude permet de se repérer en terme de nord ou de sud, elle s'exprime en degré et correspond à l'angle que forme la droite joignant le centre de la Terre au point à positionner avec le plan de l'équateur. Elle varie entre 90° Nord et 90° Sud.
  ¥ La longitude permet de se repérer en terme d'Est ou d'Ouest (avec comme référence le méridien de Greenwich) ; elle s'exprime également en degré et correspond à l'angle que forme le méridien sur lequel se trouve le lieu avec le méridien de Greenwich. Elle varie entre 180° Ouest et 180° Est.
  ¥ L’altitude équivaut conventionnellement à la distance entre un point et son projeté orthogonal sur la tangente au géoïde terrestre au niveau de la mer.
 

La géodésie est une science dont l’objectif est la modélisation de la forme et des dimensions de la Terre dans l'espace à trois dimensions. Jusqu’au XVIIème siècle, les savants admettant la sphéricité de la Terre n’avaient que le rayon de la Terre comme principale inconnue à résoudre. Seule la méthode des arcs était employée ; elle fut élaborée dans son principe par Eratosthène au III° siècle av. J. C., et met en oeuvre des mesures de distances à la surface de la terre et des mesures astronomiques, c'est-à-dire des mesures de directions de la verticale, pour un résultat final de seulement 3% d’erreur. Vous trouverezici un historique des principales méthodes utilisées pour la mesure de la Terre au cours des trois derniers millénaires. Il fut ensuite admis la difficulté d'une modélisation mathématique, bien qu’un ellipsoïde de révolution, aplati aux pôles, semblait constituer la meilleure approximation.

C’est finalement en 1956 à Munich que le géodésien anglais Hotine présente la géodésie tridimensionnelle. Il ne s’agit plus de considérer l'espace à deux dimensions de la surface d'un ellipsoïde de référence, dimensions auxquelles on ajoute l'altitude, mais un système directement à trois dimensions défini par un trièdre trirectangulaire de coordonnées, et par un certain nombre de trièdres auxiliaires locaux rattachés à ce dernier. Les paramètres d’un point de la surface topographique sont ainsi ses coordonnées spatiales (x,y,z). La géodésie vise alors à décrire directement la forme de la surface topographique, sans chercher à lui imposer a priori le support approché de l'ellipsoïde. A la description géométrique s'ajoute en outre une description dynamique : le potentiel et la pesanteur en chaque point qui permettra d’établir une synthèse à travers la modélisation informatique du géoïde terrestre.

Ondulations du géoïde terrestre.
L'amplitude des ondulations est exagérée d'un facteur 100 000 par rapport au rayon de la Terre.

Source : Courrier du CNRS, n°76, juillet 1990

Accueil CNRS

Ondulations à grande longueur d'onde du géoïde terrestre
déterminées à partir de l'analyse des perturbations
de trajectoires des satellites

Source : Groupe de Recherche en Géodésie Spatiale

Accueil GRGS

Une telle représentation s’impose pour la pertinence des données de repérage satellitaire car tout système de coordonnées repose sur une définition de paramètres cartographiques issus de la géodésie et de la physique. Pour le système GPS, on a défini une référence globale répondant aux objectifs d'un système mondial de navigation : en 1972 est créé la norme WGS72 (World Geodetic System 1972) qui deviendra WGS84 (World Geodetic System 84) douze ans plus tard. Le système est défini par un repère géocentrique de coordonnées cartésiennes (x,y,z) et d’origine le centre de gravité de la Terre. L'axe z passe par l'axe de rotation de la Terre et l'axe x est l'intersection de l'équateur avec le méridien de Greenwich. La surface ainsi déterminée est équipotentielle au champ de gravité terrestre, et coïncide avec le niveau moyen des mers. Cette surface est donc en tout point perpendiculaire à la direction indiquée par un fil à plomb (verticale du lieu).

Les conversions de systèmes géodésiques nécessitent ainsi sept paramètres de conversions : 3 paramètres de translation, 3 paramètres de rotation, et un paramètre de facteur d’échelle. Une fois la position repérée dans un système géodésique, elle est transmise à l’utilisateur sous la principale forme : longitude, latitude, ou bien dans un nouveau système qui est de plus en plus fréquemment utilisé : le système UTM (Universal Transverse Mercator). Celui-ci fut créé de manières à éviter les problèmes de conversion entre degrés et mètre. Il se base sur une décomposition de la Terre en 60 fuseaux de 6° chacun, numérotés de 01 à 60, et de 20 bandes de 8° chacune, identifiées par des lettres : cliquez ici pour visualiser le découpage. La France est ainsi située dans les zones 30U, 31U, 32U, 30T, 31T, 32T. Une correction préétablie en fonction de la zone du récepteur étant systématiquement apportée, ce système permet de ne pas ralentir les calculs de distance.



Le géoïde terrestre