Se repérer sur la Terre
Des technologies complémentaires


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Un pour tous et tous pour un : le Triumvirat G.N.S.S.

Le repérage tridimensionnel permis par le système GPS constitue incontestablement la technologie la plus aboutie, aussi bien par rapport aux instruments l'ayant précédé qu’en comparaison avec son contemporain russe. Le GLONASS n'étant pas encore arrivé à son terme, il est le seul à être totalement opérationnel. Sa fiabilité, sa précision sont incomparables avec celle des instruments utilisant des variables plus naturelles. Avec une couverture mondiale, une disponibilité infinie due à la passivité des récepteurs, une précision grand public n'excédant pas la dizaine de mètre en positionnement absolu et une extraordinaire précision de quelques millimètres lors d'un positionnement relatif, le GPS est un formidable outil de positionnement. Toutefois, sa présence ne semble pas remettre en cause celle des autres techniques de repérage qui lui sont antérieures : pour obtenir des mesures de grande précision, l'interprétation des signaux est tout de même complexe (avec la mesure de phase par exemple) et parfois limitée à certaines zone de la planète (GPS différentiel). En outre, contrairement aux instruments utilisant le magnétisme ou la pression, la réception des signaux radios émis par les satellites est quasiment impossible en intérieur, à moins de disposer de matériel très sensible ou d'une antenne externe. L’importance est certes moindre, mais rien ne remplacera votre boussole lorsque assis sur votre canapé, vous souhaitez connaître la direction du Nord.

La principale limitation potentielle du système GPS réside surtout dans sa disponibilité : à tout moment, l'armée américaine peut rendre la fréquence L1 inutilisable. Avec la mise en place effective du projet Galiléo prévue pour 2008, l'Europe deviendra autonome vis-à-vis du système américain. Le coût total d’environ 3,4 milliards d’euros (soit 400 km d’autoroute…) sera assumé aux deux tiers par un consortium privé et au tiers restant par l’Union européenne. La nouvelle constellation sera constituée, on l’a vu, de 30 satellites, et les horloges atomiques embarquées seront encore plus précises que celles des satellites GPS, permettant ainsi en standard un positionnement de l’ordre de deux mètres. Et contrairement à ses homologues américain et russe, le système de positionnement global Galiléo sera géré par le civil, pour le civil (il s’agit donc d’une civilocratie), et ne pourra donc être sujet à un black-out de la part des militaires.

Si les Etats-Unis étaient au départ plutôt réticents voire opposés à l’arrivée de cet équivalent transatlantique au GPS, essayant même de décourager les financements en améliorant la disponibilité et la précision publique de leur NAVSTAR (avec la suppression de la SA le 1er mai 2001 en particulier), le changement de cap de la part du gouvernement américain s’est finalement concrétisé dans les propos de Ralph Braibanti, directeur responsable de l'Espace et des technologies de pointe : « Grâce à beaucoup de travail et de bonne volonté des deux côtés, nous sommes parvenus à transformer une situation qui aurait pu creuser un fossé entre les Etats-Unis et l'Europe en une situation dans laquelle la radionavigation par satellite apparaît désormais clairement comme un domaine de renforcement du partenariat transatlantique ».

L’Europe gagne donc non pas sa dépendance, mais son autonomie. Quant aux Russes, ils normaliseront les signaux de leurs satellites GLONASS de telle sorte qu’ils soient identiques à ceux émis par leurs confrères américains et européens, ainsi que pourrait l'énoncer la devise « un pour tous et tous pour un ».

Les grands gagnants de cet accord tripartite, ce seront finalement les utilisateurs, qui bénéficieront de trois constellations couplées impliquant une diminution considérable des valeurs de GDOP. Les trois systèmes de radiopositionnement par satellite formeront le G.N.S.S., véritable Global Navigation Satellite System couplé à la norme géodésique mondiale WGS84. Avec des récepteurs normaux, il sera ainsi possible d'effectuer des mesures de positionnement en utilisant les « trois G » simultanément, assurant à l'utilisateur un positionnement d'une grande fiabilité en tout temps et en tout lieu.

 

La couverture des satellites G.N.S.S. observable sur cette projection planisphérique sera triplement intensifiée !

Capture d'écran du logiciel de modélisation orbitale SatOrb développé par SUPAERO et BAYERNSAT