Se repérer sur la Terre
Des technologies complémentaires


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Introduction

Où sommes nous ? D’où venons nous ? Où allons nous ? Panulirus argus, plus connue sous le nom de langouste royale, connaît intrinsèquement la réponse à ces questions. Elle utilise naturellement le champ magnétique terrestre pour se repérer. Larry Boles et Kenneth Lohmann, biologistes à l'Université de Caroline du Nord aux Etats-Unis, ont pêché des langoustes royales qu'ils ont conduites 40 kilomètres plus loin, dans un endroit qui leur était inconnu. Ces petites reines (des bicyclettes sur pattes) ont été transportées à bord de conteneurs étanches, les privant ainsi de toute information visuelle, sonore et olfactive. Malgré cela, dès leur libération le lendemain, elles ont toutes su reprendre la direction du lieu de leur capture.

 

Il n’y a là rien de surprenant si l’on considère que cette crevette homaresque, qui vit près des côtes du golfe du Mexique et des Antilles, réalise des migrations saisonnières atteignant 200 kilomètres. Elle se déplace dans l'obscurité, au fond de la mer, en se calant vraisemblablement sur le Nord et le Sud magnétiques terrestres.

 
 

Sur ou plutôt sous la terre ferme, les amies borgnes des golfeurs, alias les taupes, utilisent également le champ magnétique terrestre pour diriger leurs creusements, ainsi que l'a montré une étude menée par Tali Kimchi et ses collègues de l’Université de Tel-Aviv (Israël). Les chercheurs ont placé des taupes dans deux types de labyrinthes, l’un rectangulaire, l’autre, circulaire, puis ont quantifié la capacité des rongeurs à revenir au centre du labyrinthe ou à découvrir le passage le plus court pour traverser le dédale. En modifiant la configuration du champ magnétique qui régissait l’environnement des deux parcours. Ils ont constaté que les taupes étaient très perturbées dans leur orientation.

 
Et quand les animaux n’ont plus n’ont plus les pieds sur terre, il leur suffit de se tourner vers le ciel pour disposer d’un véritable sens de la navigation : afin de prouver qu'ils se repèrent astronomiquement, on a placé dans un planétarium des oiseaux nocturnes en période de migration hivernale. On remarque alors qu’ils se déplacent toujours vers le Sud du planétarium. Et si l'on modifie la configuration stellaire, les oiseaux imperturbables se déplaceront encore vers le pseudo Sud déterminé par la position des étoiles. Les migrateurs diurnes qui s’orientent par rapport à la localisation céleste du soleil sont victimes des mêmes illusions. Il n'empêche que pour nous homos sapiens sapiens, la conclusion est plutôt déroutante. La mémoire spatiale de ces oiseaux retournant chaque année dans les mêmes lieux semble clairemement se baser sur des repères astronomiques, et c’est sans compter sur leur capacité à percevoir eux aussi les caractéristiques du champ magnétique terrestre ou de la carte olfactive des lieux qu’ils survolent.
 

Quant aux insectes, abeilles et fourmis pour ne citer qu’eux, ils se satisfont pour la plupart de repères visuels ou chimiques, ou encore de la fréquence des ondes lumineuses comme précieux instruments de navigation.

 

Et nous, les humains ? L’Homme ? Il semblerait que nous ne disposions pas de tous ces mécanismes sensoriels innés. Pour palier ce regrettable oubli – ou perte – de l’évolution, nous pouvons penser. Nous pouvons créer. Et finalement, nous parvenons mieux que quiconque à nous repérer sur la Terre. Quelles sont donc ces technologies imaginées puis mises en œuvres qui permettent une orientation, mais aussi une localisation terrestre dont la précision est potentiellement millimétrique ? Toutes desservant le même dessein, peut-on envisager qu’elles puissent se combattre, s’annihiler, s’abolir ? Ou quelles complémentarités, a fortiori quels couplages doit-on plutôt établir ?